Recherche et Magie : Hékaté et Hygromanteia.

La déesse Hékaté/Hécate, sombre titanide et dame des carrefours, d’une très grande puissance et ayant empire sur la terre, la mer, le ciel et les enfers fait l’objet de dévotions, dans mon Temple depuis déjà plusieurs mois. (Pour en savoir plus sur la déesse :Hékaté) La relation que j’entretiens avec elle, est empreinte de crainte et de peur, mêlé de curiosité et de passion, comme les autres divinités de mon “panthéon personnel”, Hécate est choyée et étudiée.

L’idée de cet article m’est venue suite à l’étude d’une pièce, que je donnerais ci-après. J’ai l’ardent désir de faire évoluer, d’améliorer tous les courants que je pratique, en les approfondissant autant que ça m’est possible, en les enrichissant et les corrigeant, selon mes moyens et à partir de sources “traditionnelles”. Aussi, voilà que je compilais des données sur la dame des carrefours lorsque je tombais sur la pièce en question, dont l’étude et la dissection, sont à l’origine de toute cette expérience.

I- La pièce en question:

Equipement d'un magicien Grec du IIIème siècle, trouvé à Pergame en 1897.

Il s’agit d’un triangle en bronze, s’apparentant à une table d’évocation pour des opérations de Goétie (γοητεία) grecque, à cette époque, le terme de goétie n’avait pas le même sens qu’actuellement, c’est à dire qu’il s’agissait non pas de traiter avec “des esprits mauvais” (démons et autres) mais avec les esprits des morts. Plus tard, on retrouvera dans les grimoires latin la Goétie dans le sens altéré de “traiter avec les démons et esprits mauvais, les contraindre et les faire agir pour le compte du Sorcier”, la fonction de “traiter avec les morts” pris le mot à part que l’on connait aujourd’hui sous le nom de Nécromancie.

Description:

Le triangle fait 26 cm de longueur, et 23,3 cm de hauteur (dû à la sorte de clou central s’élevant). On remarque l’emploi principal de langue grecque, accompagnée de “caractères magiques” et de “nomina magica”. La pièce est pourvue de 6 zones distinctes:

• Zone extérieure au triangle, comprenant les caractères magiques.
• Première zone intérieure où se trouve d’autres caractères magiques.
• 3 zones avec 3 images magiques différentes d’Hécate ou “Stoicheia” ( 1= clef + torche ; 2= fouet + Torche ; 3= Poignard + serpent) comprenant leurs lots de “Nomina magica”, des mots de pouvoirs constitués de “voyelles” au sommet de la tête des images, et d’autres mots de pouvoir qui, selon moi, sont destinés à l’appel des “Stoicheia” afin de fournir une contrainte efficace, aux pieds des images.
• La dernière zone, est, selon moi, la zone de “manifestation” et est constituée par le clou central, s’élevant, destinée à accueillir offrandes et parchemins.

Première analyse:

Le triangle est l’illustration du ternaire, utilisé dans les magies occidentales comme support de manifestation des “créatures spirituelles” de tous bord, parfois garni de sceaux, sigils et autres caractères. La présence des 3 Hécate aux attributs différents vient s’additionner aux caractères déjà présent, et exprime une idée de contrainte, faisant appel aux pouvoirs de la déesse dans les opérations de Goétie... On peut imaginer, ainsi, que l’entité se trouvera encerclée par les “Stoicheia” de la dame des carrefours, assurant une contrainte efficace, et une opération, théoriquement, fluide et sans trop de désagrément puisque l’autorité de la déesse manifestée par les images et les noms, vient s’ajouter à celle du magicien. Les “nomina magica” garnissant les 3 figures, sont, selon moi, tout à la fois des aides mémoires, que des écritures ayant un but analogue aux caractères magiques, c’est à dire destinés à la contrainte. On se retrouve donc avec un outil synergique, en théorie, très efficace pour les opérations invocatoires et évocatoires.

Ce que j’en ai tiré pour l’expérience:

Après avoir retranscris chaque caractères au propre, chaque mots de pouvoir et les “nomina magica” de chacune des 3 Hécate, je me suis attelé à la transcription en alphabet Latin, et à la “traduction”, afin de retrouver une prononciation “à la française”. Une fois ces travaux de longue haleine effectués, vint la décision de les inclure dans la structure rituelle expérimentale que je désirais pour l’occasion. Je n’ai gardé que certains mots d’appel, et les “nomina magica” textuels des 3 Hécate pour le rituel... pour donner plus de poids à l’expérience, la structure aurait pu être changé, en enlevant ou rajoutant des composantes (tout laisser, garder les mots d’appel mais pas les nomina magica, garder les nomina magica mais pas les mots d’appel etc.)

II- L’expérience en elle-même:

La structure rituelle venait d’être terminée, que j’avais à la fois hâte, et à la fois peur de la mettre en branle (Hécate est une déesse terrible, et fait payer très durement les offenses faites à son encontre.) L’opération consistait à utiliser l’autorité Hécatienne, pour une opération dite “d’Hygromanteia” (Ὑγρομαντεία) , c’est à dire une invocation démoniaque, par le pouvoir d’Hécate, et ma volonté. Mais à quoi, finalement, est dû le choix d’une Hygromanteia ? pourquoi pas une opération Nécromantique qui est connu comme le domaine de la déesse ? J’ai pu lire (malheureusement je peine à retrouver la Source...) que dans les prémisses de la Magie Salomonienne, Hécate avait pu être “utilisée” (seule ou en combinaison avec une ou plusieurs autres autorités divines, peut être celle de YHVH...) dans des rites d’invocation démoniaques, et que par son autorité et sa présence, les opérations étaient moins “risquées”, et plus “efficaces”, lisant cela, juste après avoir disséquer la pièce ci-dessus... me disais-je,pourquoi ne pas essayer ?

Pour cette opération:

J’ai fais plusieurs offrandes et libations la semaine précédent l’opération, adjurant la déesse de m’être favorable pour cette opération, j’ai également effectué plusieurs voyances tantôt sur la structure rituelle (si elle était convenable), tantôt pour sonder la volonté de la dame des carrefours. un Jeûne frugale au moins 24h avant l’opération. 

Le démon choisi pour l’invocation était Chax/ Shax / Scor / Scox , choisi pour sa rapidité, sa place dans le Lemegeton, un des principal recueil de démonologie, afin d’observer si “TOUS” les démons pouvaient être contraints, ou non; pour le but à atteindre (enseignement occulte), pour les désagréments qu’il provoque (ment si la contrainte est pas suffisante, donc un facteur de fiabilité pour savoir si l’opération a ou non fonctionné), et pour son amplitude “moindre”, minimisant au maximum les risques venant de l’entité convoquée.

Le déroulé:

Je me purifie abondamment le visage et les mains, d’eau lustrale additionnée d’herbes en analogie avec la déesse. L’autel est prêt, le triangle de manifestation (j’ai conçu un triangle se rapprochant de la pièce ci-dessus, mais pas identique) contenant le sceau du démon, maculé de sang de boucherie. Je me mets en condition, et je commence l’opération. Avant tout appel, toute invocation, vient les évocations des dieux du mois, du jour et de l’heure (structure choisie car collant avec une structure antique favorisant la position du magicien comme étant un “initié”, supposé donné plus de poids à la parole du Magicien devant les dieux), vient ensuite l’appel à la Déesse, employant des “noms barbares” et des adjurations d’aide et de pouvoir, l’encens fume sur l’autel et dans le triangle, vient ensuite les “délimitations de la zone de manifestation” et les protections diverses, toujours sous l’Egide de la déesse. Une fois cela fait, vient l’appel du démon, contraint par la puissance de la sombre dame, d’autres entités figures de pouvoir et mon Athamé pointant sa direction. Son arrivée fut rapide (démon connu comme étant rapide, donc la rapidité de sa venue peut être imputé à sa nature intrinsèque , et non pas à la nature du rite), la demande délivrée et sommée d’agir tout de suite et rapidement (prés-requis avec ce démon pour obtenir satisfaction), ensuite, viens les renvois des différentes entités convoquées, dans l’ordre adéquat.

Résultats:

L’ambiance, et l’amplitude énergétique ressentie me faisait beaucoup penser à une invocation démoniaque en Satanisme, toujours aussi lourd, malgré les évocations à des entités ouraniennes comme les recteurs et les divinités des heures, qui finalement, n’étaient que passives. La présence de la déesse était très forte, et avait, à ceci prêt que c’était bien plus pesant et “dense” encore, la même “signature” que le daïmon dans ma statuette, lors des dévotions quotidiennes. L’opération, a je pense, était un succès (depuis, je porte et dors avec mon anneau lunaire afin de maximiser les chances d’obtenir des rêves, intuitions et visions répondant à ma demande), pour le moment, je n’ai , je pense, eu que des pistes de recherches alors que j’étais éveillé, des “renversements de paradigm”, m’ayant permis de “voir autrement”, mais nous sommes qu’un jour après l’opération, l’avenir viendra confirmé si oui ou non, l’opération a été un succès. Outre le déroulé de l’opération, celle-ci m’a énormément épuisée, j’ai fais plusieurs hypoglycémie dans la nuit qui a suivie, j’en referais pas toutes les semaines, cependant, le démon semblait moins “furieux” que dans le système satanique, ce qui est un plus, et un gain de “sécurité”, si je puis dire.

Critique de l’opération:

Bien que menée de la manière la plus rigoureuse possible, il ne s’agit que d’UNE expérience, et ce qui viendra confirmer ou infirmer le côté judicieux d’employer Hécate pour des invocations démoniaques, n’est rien d’autre que la pluralité rituelle, les multiplier, en variant les composantes (toujours dans la prudence cependant) et en faisant passer les résultats observés au crible d’une sorte de “grille d’évaluation” afin d’avoir suffisamment de données que pour émettre un avis encore plus sérieux... par exemple, pour plus d’objectivité on pourrait:

• Varier les opérateurs, avec différentes durées de dévotions à leurs actifs.
• Varier les structures d’appel à la déesse.
• Varier les entités évoquées.
• Varier les entités invoquées (puissance et origine).
• Varier les moyens d’appel (triangle de manifestation, miroir sorcier etc.)
• Varier les buts et demande (démon familier, amour, haine, destruction, guérison etc.)

Pour conclure cet article, j’ai adoré ce travail de recherche, qui m’a fait faire des cheveux blancs à plusieurs reprise, mais m’a néanmoins passionné, je trouvais vraiment intéressant de pouvoir apporter quelque chose de nouveau dans la pratique Hécatienne, et de pouvoir comparé deux systèmes invocatoires de Gnose Noire tant dans la technique et le fond culturel que dans les résultats (prémisse de résultat ici). Bien qu’éprouvant, constituer et réaliser une telle opération a été très enrichissant.